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Nomi Rapace dans Dead man down

Le film repose sur les épaules rondes de Béatrice. Contrairement à celle de Dante, elle n’a en rien l’apparence d’un ange. Affublée de faux-ongles et de tenues vulgaires, perchant sur des talons trop hauts, le personnage tient davantage de la vamp ; sans compter les cicatrices qui lui ravagent la moitié gauche du visage et une oreille cassée. Sa moralité apparaît tout aussi douteuse et on ne sait pas avec notre héroïne à quel profil se fier – l’amoureuse laisse souvent place à la manipulatrice dans un même plan-séquence. Cela lui vaut d’être tourmentée par les petits démons du square en bas de chez elle, qui la surnomment Monster.

Les Enfers ne sont pourtant plus ce qu’ils étaient : des lucioles voltigent entre les tombes, le chant des oiseaux recouvre le tapage des rats. Autant dire qu’il est possible d’espérer désormais des allègements de peine. Béatrice y croise Victor, un demi-damné comme elle. Ils se sourient car tous deux sont consumés par la vengeance – il a dans sa ligne de mire les diables qui lui ont enlevé femme et enfant, elle garde au rétroviseur le souvenir de ce chauffard qui l’a défigurée. Pourtant la somme de leurs haines s’annule tandis que l’un donne à l’autre envie de revoir les étoiles.

Après un carnage digne de la fin des temps, le film s’achève sur un baiser, dans une rame de métro aérien. Béatrice est enfin au Paradis et plus rien ne l’empêchera de porter sa robe blanche, tachée de sang quelques scènes plus tôt. N’existe-t-il pas des pressings qui lavent même les péchés ?

Dominique Ristori