La femme vient de goûter au fruit de l’interdit et en donne à son mari qui se trouve auprès d’elle. Soudain, ils ouvrent les yeux ; se rendant compte de leur nudité, ils recouvrent leurs parties de feuilles de figuier. On connaît la suite : Dieu chasse Adam et Eve du jardin d’Eden. Adieu innocence, immortalité.
Dans sa célèbre gravure de 1504, Albrecht Dürer qui n’était pourtant pas enclin à la subversion mais à la mélancolie seulement, livre une version étonnante de cet épisode biblique. Au lieu de succomber à la séduction du serpent, la femme paraît au contraire le nourrir comme s’il s’agissait d’un pénis à stimuler. Et sur son visage, le plaisir n’est en rien dissimulé.
Le paradis perdu se confond alors avec la vision d’une sexualité sans culpabilité ni répression ; un paradis retrouvé où les amants n’éprouvent aucun manque à désirer.
Dominique Ristori