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Il suffit que je joue le nocturne en ré bémol majeur de Chopin pour que je sois triste – c’est la vie. D’abord le désir, l’attente, l’incertitude, puis l’amour et la passion, puis une interrogation – (quand le thème revient la troisième fois) et une secousse énergique pour se libérer – et pour finir une triste résignation.

Alma Mahler, Journal intime

Extrait choisi par Isadora O.

Photographies de Giasco Bertoli

Ma peau fusionne avec ta croix. Je suis  portée au feu des surfaces, au point d’ébullition, glacial,  reflet du chaos auroral inscrit sur mon iris. Ouverte sur l’espace, mes voiles crépitent sous les flux d’air, mon derme incompris se fond dans la rosée. Mes yeux se teintent de vide,  mon corps est plein de ses creux. La profondeur n’est que pure chimère : je est jusqu’aux plans de tangence entre mon corps, taillé dans les ombres solaires, et les branches de la croix qui l’épousent, en émanent, en émergent. Des courbes, des droites, des géodésiques, rien que des purs chemins, dépourvus de points d’attache, n’ayant pour amarre que mon propre spectre, communié avec le matin.

Seules les croix se déforment à l’image de mes aires, de mes plis.  Seules les croix gravent des domaines dermiques, des gradients, des champs, ainsi que des irruptions, volant en éclats sur la pointe du soleil, sur la pointe de mes seins : je fleuris hors de ma chair, j’ascende le jour, je flotte, suspendant mon corps, ultime pieu foudroyant la terre, au pied de la croix. Par-delà gravité, s’ancre ma chair.

Dans mon exil interne, des phosphènes éclosent sous mes paupières, se déploient des esquisses informes de nuages pesants, enracinés dans le néant : voici mon ventre, socle marbré, croix où éclate ta passion, fêlure dans ta croix…

J’ai brûlé ma barque dès l’aube. Je gis. Flamboie le sable sous mon dos, brûlant, éternel brasier écarlate. Sur place, j’avance vers toi, dans tes champs, aveugle, en attente du zénith blême, à l’affût de l’envers de Dieu, Substance immanente à la lumière, estompée entre mes jambes. Mes bras débordent les seuils organiques, mes seins scintillent… en silence ; sous ma peau, le ciel ; sous ma peau, la mer… Mon corps gît dans tes liens aux portails du réculsoir.

Indiscernable à l’encens volatil que diffuse le matin, indiscernable aux essaims de corneilles funéraires, je prends mon essor sur la croix ; mon corps estcroix : je palpite, je vacille à l’aube de notre fusion. Je est je; ma peau est un diptyque.

Un texte de Mohamed Ben Mustapha

Nevermore!… et puis Zut!
Il y a des influences astrales autour de moi.
Je suis immobile dans une chambre d’hotel
Pleine de lumière électrique immobile…
Je voudrais errer, à l’aube jaune, dans un parc
vaste et brumeux, et tout rempli de lilas blanc.
j’ai peur d’avoir d’horribles cauchemars;
Et il me semble que j’ai froid tant il fait clair.
Peut-être que j’ai faim de choses inconnues?

Ah! donnez-moi le vent du soir sur les prairies,
Et l’odeur du foin frais coupé, comme en bavière
Un soir, après la pluie, sur le lac de Starnberg,
Ou bien encore les sentiments que j’avais il y a un an,
regardant de la passerellle de mon yacht
S’ouvrir la baie verte et rose de Gravosa

Un poème de Valéry Larbaud envoyé par Philippe Lardaud

Opéra glacé n°7, Erotico-G-Moreau

Une oeuvre de Jacques Monory

Le bleu devient à la mode dans tous les domaines. Le romantisme accentue la tendance: comme leur héros, Werther de Goethe, les jeunes Européens s’habillent en bleu, et la poésie romantique allemande célèbre le culte de cette couleur si mélancolique.

Michel Pastoureau