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Barbara prétend que le chiffre 5 est noble : austère, imprenable et tordu comme un château de Sicile. Elle aime sa cambrure d’escarpin, sa silhouette à la croupe inversée ; mais le 5 figure surtout, selon elle, un chiffre qui ne compte pas. Le 1, dit Barbara, c’est l’unité ; le 2,  à la fois la rencontre et le commencement du calcul (les chiffres pairs lui semblent faciles — et de mauvais goût) ; le 3 est beaucoup trop symbolique : la trinité, Dante, etc. ; le 4 : elle ne l’aime pas non plus, c’est un carré, les formes de la géométrie sont tristes, leur évidence n’accomplit rien. Le 5 : oui — c’est le premier chiffre à échapper aux figures, aux fonctions, aux symboles.

Yannick Haenel, Edwarda n°8, janvier 2013

Et voilà qu’ici , dans ce Paris orgueilleux, le Paris de Villon, de Hugo, de Baudelaire, le Paris des Rois et des Révolutions, le Paris séculaire des peintres, où chaque pierre rappelle une histoire ou une légende, où il y a eu tant d’amoureux, que, pour les citer, c’est comme dans la chanson, je ne sais lequel prendre…dans ce Paris qui a tout vu, tout lu, tout éprouvé, brusquement, ni Werther, ni Bérénice, ni Antoine et Cléopâtre, ni Manon Lescaut, ni L’éducation sentimentale ou Dominique ne me sont rien, parce que j’ai lu Djamilia, plus rien Roméo et Juliette, plus rien Paolo et Francesca, plus rien Hernani et Dona Sol…, parce que j’ai rencontré Danïiar et Djamilia, dans l’été de la troisième année de la guerre, dans cette nuit d’août 1943, quelque part dans la vallée du Kourkouréou, avec leurs chariots à grains, et l’enfant Seït qui raconte leur histoire.

Louis Aragon

- J’ai fait voeu à la Madone, comme tu sais, de ne jamais te voir ; c’est pourquoi je te reçois dans cette obscurité profonde. Je veux bien que tu saches que, si jamais tu me forçais à te regarder en plein jour, tout serait fini entre nous.

Stendhal