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En été il y avait là une petite échoppe aux stores de couleurs vives où elle aimait venir manger des tranches de pastèque et des sorbets roses. Elle arrivait toujours en retard naturellement, sortant peut-être à l’instant de quelque rendez-vous galant dans une chambre aux volets clos, mais je m’efforçais de ne pas penser à cela lorsque les pétales de sa bouche, merveilleusement fraîche et jeune, se pressaient sur mes lèvres et tentaient d’apaiser toute la soif de l’été. L’homme qu’elle venait de quitter rôdait peut-être encore dans sa mémoire ; son corps était peut-être encore couvert, par endroits, du pollen de ses baisers. Mélissa ! Mais cela importait si peu de toute manière ; seule comptait alors la forme souple de son bras s’appuyant sur le mien, et je goûtais un bonheur sans mélange et pur de tout secret. C’était bon d’être là, gauches et un peu timides, légèrement oppressés car tous deux nous savions que nous désirions la même chose.

Lawrence Durrel

Ecrasé par cette masse de chair abandonnée de la plus ténue spiritualité, je connaissais le vertige de rencontrer enfin la brute parfaite, indifférente à mon bonheur. Je découvris ce qu’une toison, épaisse sur le torse, le ventre et les cuisses, peut contenir de douceur et transmettre de force. Je laissai enfin que tant de nuit orageuse m’ensevelît. Par reconnaissance ou par crainte, sur le bras velu d’Armand je déposai un baiser.

Jean Genet

Je suis seul — ma solitude est une chance. Je ne connais personne dans ce pays où l’art s’offre avec une exubérance folle : je suis seul avec cet art, ce débordement d’églises, de fresques, de sculptures ; et d’une manière ambiguë, ma vie s’accorde à ce pays ruiné, où rien ne semble tenir debout, à part ses cathédrales.

Hier soir, traversant la ville à bicyclette, j’ai vu, au détour d’une rue, la masse du Duomo se lever dans la nuit, et son immense volume de marbre rose, vert et blanc se déplier comme un défi à la servitude organisée qui prévaut ici, en Italie.

Yannick Haenel

Nous aimons les débuts d’histoires où tout est encore possible et les fins parce qu’elles marquent le commencement d’autres récits. Je voudrais rassembler ici ces moments crépusculaires et frémir devant ce que chacun de nous peut offrir en fait de régions inconnues et de désirs.

Sam Guelimi

…oui quand j’ai mis la rose dans mes cheveux comme les filles Andalouses ou en mettrai-je une rouge oui et comme il m’a embrassée sous le mur mauresque je me suis dit après tout aussi bien lui qu’un autre et alors je lui ai demandé avec les yeux de demander encore oui et alors il m’a demandé si je voulais oui dire oui ma fleur de la montagne et d’abord je lui ai mis mes bras autour de lui oui et je l’ai attiré sur moi pour qu’il sente mes seins tout parfumés oui et son coeur battait comme un fou et oui j’ai dit oui je veux bien Oui.

James Joyce