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Dmitri Fiodorovitch, un jeune homme de vingt-huit ans, de taille moyenne, le visage avenant, semblait cependant beaucoup plus vieux que son âge. Il était musculeux, l’on devenait en lui une force physique considérable, et pourtant son visage exprimait comme quelque chose de maladif. Il avait le visage maigre, ses joues s’étaient creusées, son teint avait une nuance d’une sorte de jaune malsain. Ses yeux assez grands et sombres, globuleux, vous regardaient avec, certes, visiblement une grande fixité, mais d’une façon comme indéfinie. Quand il se laissait gagner par l’émotion et parlait d’une voix irritée, c’était comme si son regard se soumettait à son humeur intérieure et exprimait quelque chose d’autre, qui ne correspondait pas du tout, parfois, à l’instant présent. « Il est difficile de savoir à quoi il pense » disaient parfois de lui ceux qui lui parlaient. Certains, qui voyaient dans son regard quelque chose de pensif et de sombre, se trouvaient quelques fois stupéfaits par son rire soudain, un rire qui témoignait des pensées joyeuses et plaisantes qu’il remuait en lui précisément au moment où il vous regardait d’un regard tellement sombre. Du reste, cette espèce d’aspect maladif de son visage à la minute présente pouvait être très compréhensible : tout le monde était au courant et avait entendu parler de cette vie agitée et « noceuse » à laquelle, précisément ces derniers temps, il s’était adonné chez nous….

Les Frères Karamazov, Dostoievski