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Une photographie de Sam Guelimi

Entre les stations Saint-Maur et Parmentier, la fille s’appelle Elizabeth – il l’apprendra plus tard lorsqu’ils sortiront à l’air libre. Elle allumera une cigarette avec le briquet qu’il lui tendra. Et l’écrasera aussitôt nerveusement : jamais elle ne saura ce qu’elle voudra. Raison pour laquelle, ils vivront dans les semaines suivantes une relation des plus indécidables.

Arrêt Bourse, rien n’ira, moral au plus bas. Il remarquera à peine sa forme au milieu d’autres qui s’entasseront dans la rame. Peut-être la fourrure tachetée lui fera songer à la bestialité des transports en commun ; combien la promiscuité rend les semblables inhumains – certains en profitent pour se frotter. Puis elle disparaîtra sans qu’il s’en aperçoive.

Ils échangeront un premier regard, le second sera plus appuyé, et au troisième, ils se souriront. Ne pouvant se résoudre à ce que les choses en restent là – Opéra, ô maudite correspondance -, elle trouvera un morceau de papier et l’audace d’y coucher au rouge à lèvres son numéro de téléphone. Il l’appellera dans les minutes qui suivront pour l’inviter à dîner le soir même.

Wagram où elle monte et photographiera cette jeune fille habillée comme une Anglaise, à la dérobée. L’épinglera dans la mémoire de son téléphone parmi une multitude d’émerveillements, sous le nom de Shirley.

Un texte de Dominique Ristori