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Ice carnival de Txiki Margalef

Sur fond de velours nuit, les fleurs épanouissent leur corolle, tous  pétales imprimés d’images qui prolifèrent : photographies de corps, le sien ou celui des filles dont elle fait le portrait ; captures d’écran choisies dans une collection de films porno danois ; détails anatomiques qui pourraient être rendus à l’anonymat organique. Txiki Margalef effectue ses prélèvements dans notre époque, où les objectifs traquent faits et gestes, décomposent l’existence en une série de poses, en compost nourricier.

Les sujets sont éclatés – on songe à des mosaïques, des vitraux, formés d’autant de soi que d’instants. Le collage fourmille d’indices, de perspectives, de fantasmes à la découpe elliptique, disposés avec virtuosité autour d’un centre, absence ou pistil. L’effet rétinien relève du mystère : qui caresse ces femmes-fleurs du regard entre immédiatement dans leur transe. Aussi contagieuses que des ménades, elles entraînent chacun vers des régions chaotiques. On ne sait plus lequel des iris reflète la profondeur de l’autre.

Bien que pris au jeu du démembrement, le tout remporte la mise. Avec le recul nécessaire, la foule des figurés en vient à s’annuler, le divers se fond pour colorer une chair recouvrant ses trois dimensions : amoureuse de lumière, tournée vers le ciel, joyeuse dans sa vanité. Plus encore, il apparaît que par nos yeux le vivant se transforme : sans cesse des corps sont réinventés sous d’autres formes tant précises qu’éphémères.

Sous verre et sur fond de velours, se déploient aussi bien ailes et élytres de papillon.

Dominique Ristori