Panier

Votre panier est vide
Visiter la boutique

Seule son imagination avait pris une direction malsaine. Quand les jours de la semaine, l’un après l’autre, avaient pesé de tout leur poids de plomb sur sa vie, ces charmes corrosifs entraient en action. Les souvenirs de ses visites composaient peu à peu une tentation d’une espèce particulière. Il découvrait en Bozena la victime d’une monstrueuse déchéance et dans ses rapports avec elle, les émotions qui leur étaient liées, une sorte de rite cruel qui eût exigé le sacrifice de lui-même. Ce qui le fascinait, c’était l’obligation d’abandonner tout ce qui l’emprisonnait d’ordinaire, ses privilèges, les pensées et les sentiments qu’on lui inoculait, tout ce qui l’étouffait sans rien lui apporter. Ce qui le fascinait, c’était de courir, nu, dépouillé de tout, chercher refuge auprès de cette créature.

Robert Musil