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Sonia Wolguelane haussa les épaules et Mevlido pendant deux secondes explora en imagination son dos et sa nuque sous le maillot à rayures que la veste de travail laissait entrevoir. Il savait qu’elle portait des tatouages à la naissance du bras et ailleurs. C’était exactement ce que toutes les organisations subversives haïssaient et interdisaient depuis l’origine des temps révolutionnaires, pour des raisons pratiques – on avait beau changer d’identité, le tatouage restait -, et pour des raisons idéologiques – scarifier son corps, marquer sa peau, c’était réadopter des pratiques de l’âge de pierre. Mais elle avait quelques tatouages ici et là et Mevildo se les représentait, et il trouvait que cela lui allait merveilleusement bien, que les dessins à l’encre étaient adorables et excitants et que, au fond, tout le monde se fichait de l’âge de pierre, maintenant que le pire de l’histoire barbare humaine ou sous-humaine avait été atteint et même dépassé.

Antoine Volodine