Sam,
Superbe le concert de Dead can dance hier soir, un grand moment, la voix de Lisa Gerrard, un sommet de puissance, a cappella ou sur des mélopées orientales ou des musiques planantes, une des plus belles voix de la scène rock alternatif, elle a une formation classique, technique des voix bulgares et invention de langue à elle,
concert hiératique, rituel païen, ambiance new age
Toutes les tribus gothiques de Belgique étaient là bien que Dead can dance soit de moins en moins gothique après 20 ans de scène…
J’ai failli avoir une crise d’hystérie et ai été malade d’angoisse les 40 premières minutes du concert quand jouait le groupe en première partie car j’étais placée en hauteur, au balcon avec Athane et 4 amis, d’où vue à pic sur la scène,
un tel vertige que j’ai dû m’allonger sur les marches, m’agripper à une amie Théa et m’enfoncer les ongles à sang dans la chair pour ne pas sauter dans le vide
l’enfer, j’ai vraiment eu la tentation de me jeter dans le vide, cinquante mètres plus bas car des bras m’attiraient, mes jambes flageolaient, je me désintégrais.
D’où bénéfice extra de ma pathologie, de mon acrophobie : Athane et moi nous nous sommes ruées à l’entracte, avant Dead can dance, dans la salle du bas (places plus chères et vendues en deux heures), la sécurité refusait de nous placer en bas, on a dû aller voir la responsable qui a refusé net, puis j’ai sorti un grand jeu de séduction auprès d’un type de la sécurité, lui disant que j’allais tomber dans le vide sur la tête des spectateurs,
d’où VICTOIRE on a eu deux places à cinq mètres de la scène !!!!
J’ai adoré poussé des cris de Cheyenne au milieu d’une foule déchaînée afin d’obtenir un bis,
ils nous ont congratulés de trois bis somptueux
Moment de rêve
Je vais me plonger dans le roman d’Alban Lefranc, Fassbinder. La mort en fanfare. L’as-tu aimé ?
Oui, j’adore des moments de solitude, comme toi, moi et la lecture.
Véronique Bergen
Elle s’était peint les ongles avec du vernis Chen Yu, cette curieuse teinte de rouge décadent qui ressemble à du sang séché (le rouge le plus sexy qu’on ait jamais inventé, si caractéristique des années trente en Allemagne que Visconti demanda à Ingrid Thulin d’en mettre sur ses ongles dans Les Damnés), et elle s’éteint peint les lèvres de la même couleur.
Charles Willeford
C’est pourquoi la Chine a privilégié la figuration des bambous et des rochers, des vagues et des brouillards, et non pas du nu.
François Jullien
Le Messager : Comme je montais ma garde sur la colline, j’ai regardé du côté de Birnam, et, tout à coup, il m’a semblé que la forêt commençait à se mouvoir…
Shakespeare
A l’affiche, un Douglas Sirk, le maître du mélo flamboyant. Hésiter. Se laisser entraîner par le titre et l’enthousiasme d’une amie à laquelle on ne peut rien refuser.
[Un bonheur auquel personne ne croit plus]
Terrible d’être expulsé d’un monde où chaque réplique fait mouche, chaque plan sens. Comme de chuter après une heure quarante de vol dans l’Empyrée. S’écraser avec Robert Stack qui meurt une balle dans l’estomac, persuadé depuis toujours d’être un raté, s’imbibant d’alcool pour mieux y parvenir. Et Lucy, sa rédemption, de partir avec Mitch, le pire des frères d’adoption, parce que idéal aux yeux du père ; sa malédiction.
[Tant de travellings aujourd’hui ne mènent nulle part]
Un tourbillon, mais de maîtrise, à la manière baroque. Emporte feuilles et personnages au commencement, c’est-à-dire la fin de l’histoire – le film décrivant une boucle infernale. Se rappeler une définition de l’art, ce qui reste une fois retranché le hasard. Se dire que cette définition pourrait s’appliquer au destin. La boucle est bouclée.
Marcher avec deux scènes dans la tête, qui s’entremêlent par la magie d’un montage rythmé en diable : la danse d’une fille perdue (Dorothy Malone), la mort d’un magnat foudroyé par la honte, son corps dévalant le grand escalier de la résidence palatiale. Elle lui succédera à la tête des pétroles Hadley. Devra se contenter du pouvoir, à défaut de posséder l’impossible, Mitch.
[Un homme qui aime les hommes et ne les méprise pas comme nous]
Un mélo ? Pas vraiment. Plutôt une tragédie freudienne au pays des derricks. Rarement vu un tel étalonnage de couleurs et de pulsions portées à l’écran.
Dominique Ristori